Christian Benedetti a réussi à rendre les spectateurs « accro » à Tchekhov. Après La Mouette et Oncle Vania, il met en scène Trois Sœurs. C’est une nouvelle fois brillant !
On est vraiment «accro » à cette saga Tchekhov comme on peut être « accro » à une série télévisée comme Homeland ou 24 heures chrono. On a envie de voir la suite très vite. Christian Benedetti réussit le pari de renouveler Tchekhov, sans en dénaturer l’esprit. On est bien dans cette Russie du début du siècle. Mais il a enlevé tout le côté suranné que l’on voit trop souvent beaucoup de mises en scène qui considèrent que l’on ne peut pas jouer Tchekhov sans faire référence à Stanislavski . Les versions de Benedetti sont des corps à corps. Les personnages ont une force inouïe et tous les comédiens empoignent leurs rôles avec une belle rage.
Christian Benedetti impose un sacré tempo dès le début du spectacle. On est tout de suite dans le vif du sujet. Pas le temps d’installer un climat, la force du jeu des comédiens nous propulse dans la maison de famille des sœurs Prozorov. Les pauses, les silences, Christian Bendetti les construit différemment comme il aime le faire. Par moment les comédiens se figent. Les images s’arrêtent. Le public respire et réfléchit à la scène qu’il vient de voir. C’est magnifique. Ce jeu naturel, rythmé, agrémenté de silences pensés est magnifiquement porté par toute la troupe.
Dans cette pièce les personnages philosophent sur le bonheur, le mariage, la solitude, la vie. Et dans cette maison si tranquille, la vie va enfin s’installer avec l’arrivée des militaires. Macha tombe amoureuse du lieutenant-colonel Verchinine et Irina du baron von Touzenbach. Tout est à fleur de peau. Il y a un côté hystérique et jouissif dans cette version et l’on redécouvre certains personnages comme Natalia, un brin folle (excellente Claire Dumas) qui chasse les sœurs de la propriété, gouverne la maison sans égard pour les domestiques.
Christian Benedetti nous gratifie de quelques surprises : un portrait d’Antoine Vitez trône sur un piano. Et au bout d’une heure cinquante c’est la tristesse qui s’abat sur la maison. Les militaires partent au front, et les sœurs Prozorov ne verront jamais Moscou. Nous on se réjouit de voir la suite des pièces de Tchekhov par Christian Benedetti.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
TROIS SOEURS
Tchekhov / Benedetti
avec Mathieu Barbet, Christian Benedetti, Christine Brücher, Gaspard Chauvelot, Philippe Crubézy, Daniel Delabesse, Claire Dumas et Elsa Granat (en alternance), Laurent Huon, Isabelle Sadoyan et Jenny Bellay (en alternance), Florence Janas, Xavier Legrand, Jean-Pierre Moulin, Nina Renaux, Stéphane Schoukroun
d’après la traduction d’André Markowicz et Françoise Morvan
assistante à la mise en scène Elsa Granat
lumière Dominique Fortin
costumes Lucie Ben Bâta et Chantal Rousseau
Production Théâtre-Studio
Co-production Théâtre du Beauvaisis / Théâtre Jacques Prévert, Aulnay sous Bois / Pôle Culturel d’Alfortville / La Comédie de Saint Etienne, Centre dramatique national / Centre dramatique régional de Tours. Avec l’aide à la production d’Arcadi Ile-de-France.
Durée: 1h50
Théâtre de l’Athénée
29 janvier > 14 février 2015
la langue est superbe, les comédiens formidables mais j’avoue que j’ai été troublée (pas la seule) hier soir sur les scènes figées notamment la toupie…..